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Revue : Littérature (n°188) 'Moderniés 1917'
Littérature n°188 (4/2017) : « Modernités 1917 », dirigé par Serge Linarès et Martin Mégevand Éditions Armand Colin EAN : 9782200931247 134 pages Prix : 18
1917 marque une étape notable dans le récit de l’évolution des arts et des lettres au XXe siècle. L’objet de la présente livraison de Littérature est de dégager les arêtes du si riche paysage de la création qui se compose cette année-là. L’institution muséale a déjà cartographié, sondé et reconstitué la somme d’épisodes, de recherches et de sociabilités qui caractérisent la période dans la sphère artistique, avec la monumentale exposition 1917 au centre Pompidou de Metz en 2012. La littérature fut-elle en reste ? Le goût partagé des contemporains pour les interactions sémiotiques, l’existence de réseaux d’amitiés et d’échanges sans exclusive, l’essaimage d’idées communes aux ateliers et aux revues, inclinent à supposer une égale vitalité du champ littéraire.
L’état d’agitation et de profusion de la poésie suffirait à distinguer 1917 des autres années de guerre. Le premier article s’applique à en dresser le tableau général, souplement contextualisé (Serge Linarès), le deuxième à en expliciter le débat esthétique autour de la notion de « surprise » (Antonio Rodriguez). Laurence Campa mobilise un corpus à la croisée de la poésie et de la narration afin d’appréhender l’individualisation mémorielle du conflit parmi les membres du groupe surréaliste. Émilien Sermier diagnostique un retour humaniste du portrait dans la prose du temps. Une éthique collective, fondée sur le rassemblement des forces créatrices en pleine barbarie, semble d’ailleurs œuvrer au lancement et à l’animation de revues (Patrick Suter). Le premier anniversaire de la bibliothèque du couturier Jacques Doucet, promise à un destin patrimonial, témoigne aussi d’une confiance renouvelée dans l’inventivité de souche récente (Isabelle Diu). Quant à la scène, elle devient le lieu d’entreprises pionnières, comme celles de Meyerhold à Saint-Pétersbourg avec Le Bal masqué (Béatrice Picon-Vallin). Martin Mégevand s’attache à en faire le panorama étoilé, des Mamelles de Tirésias aux performances dadaïstes, sans négliger pour autant les inflexions que le contexte de la guerre fait subir au théâtre bourgeois et au théâtre d’art. Un dernier article (José Moure) permet d’envisager l’évolution du cinéma en 1917. Ce n’est pas qu’il se signale alors par une production inaccoutumée ; mais il connaît son adoubement artistique sous la plume d’auteurs éminents.
Certes, on peine à trouver en 1917 des échos littéraires aux mutineries du Chemin des Dames, aux grèves ouvrières de l’arrière, au déclenchement de la guerre sous-marine, à l’implication des États-Unis. L’expérience de la violence au front, la connaissance de la douleur dans les services sanitaires n’en étendent pas moins leurs ombres portées sur la germination des productions d’avant-garde. La révolution russe elle-même, événement majeur de 1917 voué à changer le cours du siècle en clivant le monde, déploie dans les lettres françaises ses premiers retentissements. Avec son lot d’exaltations, d’espoirs, de souffrances et de traumatismes, le conflit mondial pèse évidemment d’un poids décisif sur les métamorphoses artistiques. Mais il y a fort à parier que la modernité n’aurait pas été aussi vulnérable à l’actualité si elle ne devait par vocation baudelairienne faire corps, en tout cas pour moitié, avec « le transitoire, le fugace, le contingent », donc avec la réalité la plus circonstancielle, fût-elle rude et convulsive.
[style3;Sommaire du numéro]
Serge Linarès et Martin Mégevand, « Pour clore un centenaire »
Serge Linarès, « Le front poétique en 1917 »
Antonio Rodriguez, « Du nouveau dans la “surprise” ? Une notion conventionnelle devenue emblématique de l’année 1917 »
Laurence Campa, « Cette guerre par quoi tout commence »
Emilien Sermier, « Résurgences du portrait. “Le plus digne des jeux”, de Paul Morand à Picasso »
Patrick Suter, « Les revues littéraires en 1917 »
Isabelle Diu, « La bibliothèque littéraire de Jacques Doucet, creuset de la modernité »
Béatrice Picon-Vallin, « Le Bal masqué par V. Meyerhold : le spectacle de l’année 1917 à Saint-Pétersbourg-Petrograd »
Martin Mégevand, « Le théâtre dans la guerre en 1917 : hantises, compromis, décalages »
José Moure, « Ils y viennent tous, au cinéma… »
L’état d’agitation et de profusion de la poésie suffirait à distinguer 1917 des autres années de guerre. Le premier article s’applique à en dresser le tableau général, souplement contextualisé (Serge Linarès), le deuxième à en expliciter le débat esthétique autour de la notion de « surprise » (Antonio Rodriguez). Laurence Campa mobilise un corpus à la croisée de la poésie et de la narration afin d’appréhender l’individualisation mémorielle du conflit parmi les membres du groupe surréaliste. Émilien Sermier diagnostique un retour humaniste du portrait dans la prose du temps. Une éthique collective, fondée sur le rassemblement des forces créatrices en pleine barbarie, semble d’ailleurs œuvrer au lancement et à l’animation de revues (Patrick Suter). Le premier anniversaire de la bibliothèque du couturier Jacques Doucet, promise à un destin patrimonial, témoigne aussi d’une confiance renouvelée dans l’inventivité de souche récente (Isabelle Diu). Quant à la scène, elle devient le lieu d’entreprises pionnières, comme celles de Meyerhold à Saint-Pétersbourg avec Le Bal masqué (Béatrice Picon-Vallin). Martin Mégevand s’attache à en faire le panorama étoilé, des Mamelles de Tirésias aux performances dadaïstes, sans négliger pour autant les inflexions que le contexte de la guerre fait subir au théâtre bourgeois et au théâtre d’art. Un dernier article (José Moure) permet d’envisager l’évolution du cinéma en 1917. Ce n’est pas qu’il se signale alors par une production inaccoutumée ; mais il connaît son adoubement artistique sous la plume d’auteurs éminents.
Certes, on peine à trouver en 1917 des échos littéraires aux mutineries du Chemin des Dames, aux grèves ouvrières de l’arrière, au déclenchement de la guerre sous-marine, à l’implication des États-Unis. L’expérience de la violence au front, la connaissance de la douleur dans les services sanitaires n’en étendent pas moins leurs ombres portées sur la germination des productions d’avant-garde. La révolution russe elle-même, événement majeur de 1917 voué à changer le cours du siècle en clivant le monde, déploie dans les lettres françaises ses premiers retentissements. Avec son lot d’exaltations, d’espoirs, de souffrances et de traumatismes, le conflit mondial pèse évidemment d’un poids décisif sur les métamorphoses artistiques. Mais il y a fort à parier que la modernité n’aurait pas été aussi vulnérable à l’actualité si elle ne devait par vocation baudelairienne faire corps, en tout cas pour moitié, avec « le transitoire, le fugace, le contingent », donc avec la réalité la plus circonstancielle, fût-elle rude et convulsive.
[style3;Sommaire du numéro]
Serge Linarès et Martin Mégevand, « Pour clore un centenaire »
Serge Linarès, « Le front poétique en 1917 »
Antonio Rodriguez, « Du nouveau dans la “surprise” ? Une notion conventionnelle devenue emblématique de l’année 1917 »
Laurence Campa, « Cette guerre par quoi tout commence »
Emilien Sermier, « Résurgences du portrait. “Le plus digne des jeux”, de Paul Morand à Picasso »
Patrick Suter, « Les revues littéraires en 1917 »
Isabelle Diu, « La bibliothèque littéraire de Jacques Doucet, creuset de la modernité »
Béatrice Picon-Vallin, « Le Bal masqué par V. Meyerhold : le spectacle de l’année 1917 à Saint-Pétersbourg-Petrograd »
Martin Mégevand, « Le théâtre dans la guerre en 1917 : hantises, compromis, décalages »
José Moure, « Ils y viennent tous, au cinéma… »
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