Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, a confié fin 2016 à Michel Wieviorka, président de la Fondation maison des sciences de l’homme (FMSH), la mission d'établir un état de la participation des sciences humaines et sociales françaises au programme cadre Horizon 2020.
Ce
rapport [PDF - 1 Mo] constate le recul des SHS françaises dans les programmes européens: la France était en 4e position lors du 7e PCRD, elle est désormais en 7e position.
Concernant la participation française aux bourses ERC:
L'ERC consacre 17% de son budget total aux SHS, c’est de loin la principale source de financements européens en SHS.
Or le taux de participation française aux ERC est en constante baisse : 7.4% des candidatures en 2010, 4.1% en 2013. La France est en 6e position alors que dans les autres disciplines, elle est en 4e position.
Ceci signifie que peu de chercheur.e.s français concourent à des bourses ERC. En outre, la France exerce une attractivité moindre que d’autres pays européens pour accueillir les lauréat.e.s ERC, en partie en raison de difficultés administratives et fiscales rencontrées par les établissements français.
Concernant la participation française aux projets collaboratifs du défi 6:
La situation de la performance nationale au défi 6 SHS est également préoccupante: elle a baissé de 6,4% pour le 7e PCRD à 5,4% pour Horizon 2020.
Ceci s'explique notamment par la qualité contestée de la place faite aux SHS dans les programmes européens.
En effet, si H2020 compte aujourd’hui 7 défis sociétaux, il n'y en avait initialement que 6 dont aucun en SHS: santé, bioéconomie, transport, changement climatique et ressources, sécurité. Les SHS devaient venir apporter un éclairage complémentaire, souvent périphérique, à des recherches relevant de ces domaines.
Les SHS se sont dans les faits longtemps trouvées dissoutes, et les budgets (par exemple pour le transport et l’énergie) allaient à d’autres préoccupations de recherche que celles qui relèvent des SHS.
Une forte mobilisation des chercheur.e.s en sciences sociales (à laquelle les chercheur.e.s français.e.s ont modérément participé) a pris forme en 2012 pour qu’un défi H2020 leur soit consacré.
Malgré tout, le défi 6 est souvent critiqué pour manquer de cohérence, rassemblant des résidus du programme-cadre précédent difficiles à coordonner.
Les équipes françaises coordonnent très peu de projets européens coopératifs et sont moins que d’autres impliquées comme partenaires dans de tels projets.
La communauté de recherche en SHS a de nombreux atouts à faire valoir pour améliorer sa participation et son taux de réussite.