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[Éthiques et Mythes de la création] Créer encore : la vie artistique au Liban après la catastrophe

Le séminaire Éthiques & Mythes de la création, proposé par Sylvie Dallet, est produit en partenariat entre le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés contemporaines-Université de Paris Saclay & l’Institut Charles Cros (www.institut-charles-cros.eu). Il émane du programme de recherche interdisciplinaire international « Éthiques de la Création ».

le 12 juin 2021

Samedi 12 juin 2021, de 10h à 12h30
En visio-conférence
“Créer encore : la vie artistique au Liban après la catastrophe”
Une séance internationale exceptionnelle en coordination avec Élie YAZBEK, réalisateur et homme de théâtre, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, et des artistes et intellectuels libanais : Mike AYVAZIAN, Sirine FATTOUH,  Ghada SAYEGH.

Résumé : La double explosion qui ravage la moitié de la ville de Beyrouth le 4 août 2020, enregistre, quelques jours plus tard, des disparus, quelque 220 morts, et plus de 6 500 blessés. La population libanaise est en état de sidération : le port de la capitale représente une ressource vitale, alimentaire et financière, tandis que 300 000 personnes sont désormais sans abri. Cette catastrophe intervient, par ailleurs, dans une période de crise politique qui révèle la déliquescence du pouvoir et un corruption profonde, aggravées par la pandémie.  Un an plus tard, les artistes libanais témoignent et interprètent ce drame, soulignant, pour certains, l'impossible représentation des terribles conséquences de l'explosion.

Sylvie DALLET : Introduction. Ville en feu, démocratie en ruines, le témoignage de Lamia Ziadé
Sylvie Dallet, professeure des universités, pilote le programme international interdisciplinaire Éthiques de la création et, dans ce cadre, a co-organisé avec Élie Yazbek en 2012 le colloque international "Savoirs de frontières (Image, écriture, oralité), dont les actes ont été publiés dans la collection "Éthiques de la création" (Institut Charles Cros/Harmattan). Elle a enseigné à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth en cinéma et créé l'affiche du colloque de 2012.

Élie YAZBEK : Introduction. La sidération par les images du blast
CV court :  Elie Yazbek a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont Science fiction and religion (dir), Le super-héros à l'écran (dir), Regards sur le cinéma libanais (1990-2010) et Idéologie et montage dans le cinéma américain contemporain…, ainsi que 2 ouvrages en collaboration avec Sylvie Dallet. Il a publié également des pièces de théâtre, Orage d’été et Les autres enfants de Dieu. Il a réalisé plusieurs documentaires et court-métrages. Il est actuellement le directeur de l'École doctorale science de l'homme et de la société (EDSHS) à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, après avoir dirigé l'Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) entre 2011 et 2020, où il enseigne. Il est le secrétaire général de la Fondation Liban-Cinéma, dont la mission est le soutien à la production et à la diffusion du cinéma libanais.

Résumé : La série de court-métrages « Beirut 6 :07 », consacrée à l’explosion du port de Beyrouth, et sortie deux mois après le drame sur les chaines de télévision, a provoqué une grande polémique : la fiction peut-elle représenter cette catastrophe qui est considérée comme l’évènement non atomique le plus destructeur de la planète? « Nous avons la responsabilité de garder vivante la mémoire », dira l’un des réalisateurs. « Trop tôt, irrespectueux », répondra une internaute. Cette polémique met en évidence des questionnements sur le sens et la responsabilité dans la représentation d’un drame humain : entre la fiction et le documentaire, entre le témoignage (l’image mémoire) et le spectacle (l’image transmission), quel rôle ont les artistes ? Peut on tout dire et tout montrer, sans limite ? 
 
Ghada SAYEGH : La possibilité d’une image
CV court : Ghada Sayegh est docteure en études cinématographiques de l’Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, et maître de conférences à l'IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth. Ses recherches portent sur la création artistique face à histoire, dans le cinéma et l'art contemporain au Liban. Elle a publié entre autres : « Sur quelques concepts toufiquiens… Essai libre sur Le retrait de la tradition suite au désastre démesuré, (L’Art Même) ; « Image(s) manquante(s), entre-deux », in Sur la photographie au Liban – Récits et essais, (Ed. KAPH) ; « La possibilité d’une image, trou(s) noir(s) », (Hors Champ). Elle a récemment entamé un recueil de fragments poétiques, La fin du monde a déjà eu lieu.

Résumé : Au Liban, la création artistique n’a de cesse d’être mise au défi face à la catastrophe qui n’en finit pas de survenir. Notre hypothèse est que la violence de l’événement implique une rupture de l’espace-temps, du langage, censé en rendre compte, et de l’image, censée le représenter. Quelles images seraient possibles face à la catastrophe passée et à venir ?


Sirine FATTOUH : Le quotidien de la mémoire
CV court : Sirine Fattouh est une artiste, enseignante et chercheuse née en 1980 à Beyrouth, elle vit et travaille entre Beyrouth et Paris. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris Cergy (ENSAPC), elle est titulaire d’un doctorat de l’université Paris 1 en Arts plastiques et Sciences de l’Art. Sirine Fattouh s’intéresse à la petite histoire, elle interroge son passé et son présent dans leurs rapports à la mémoire et à ses failles. Dans ses œuvres elle explore la relation complexe qu’elle entretient avec son pays d’origine et les conséquences des conflits et des guerres sur la vie quotidienne des gens.

Résumé : Depuis mon retour à Beyrouth en 2016, j’ai été confronté à plusieurs défis, l’un d’eux consiste à créer dans un pays dont le quotidien est constamment ébranlé par la situation sociopolitique.  Durant ce séminaire, je présenterai mon projet d’installation vidéo Shield (en cours de réalisation) dans lequel une caméra embarquée filme mon quotidien depuis deux ans à partir de la vitre de ma voiture.

Mike AYVAZIAN :  Il est encore trop tôt pour représenter le malheur   
CV court :  Dramaturge et acteur, Mike Ayvazian organise des ateliers thérapeutiques par le théâtre et les arts expressifs depuis 2010 . Pour ce faire, il a co-fondé  l’ONG « “Astharté - Association de Thérapie par les Arts Expressifs”. Cette organisation travaille auprès des personnes  et des groupes vulnérables au travers  des différents dispositifs  du psychodrame, de la danse-thérapie, de la musicothérapie, de l’art-thérapie et des arts expressifs. Elle fournit aussi des formations et des coaching pour les universitaires et professionnels désirant intégrer les arts thérapeutiques dans leur pratiques.

Résumé : Peut-on vraiment exprimer cette catastrophe artistiquement de sitôt ? la plupart des front-liners avec qui je travaille préfèrent aller vers des expressions ludiques ; durant des sessions de self-care/creative-support, ils ne veulent que s'amuser, et rester à la surface des choses... ce n'est qu'après un rétablissement d'un semblant d'équilibre qu'ils sont capables de parler de choses sérieuses, mais rarement de l'explosion... fatigue ? accablement ? fuite ?
Sont-ils les seuls ? Paradoxalement, leur « rendement créatif » est, de loin, plus intéressant en groupe... pourquoi ?

Informations complémentaires
Le séminaire se déroule en visioconférence via Zoom et sur inscription préalable à l'adresse suivante : institutcharlescros@orange.fr ou sylvie.dallet@uvsq.fr