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[Soutenance de thèse] “Not to be sold in the U.S.A. or U.K.” : Les éditions Olympia Press au croisement d'une histoire transnationale de la censure littéraire (1953-1973)

Soutenance de thèse de Thibault Saillant

le 13 juin 2023

Mardi 13 juin 2023, à 14h
Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, salle des thèses, 5 boulevard d'Alembert, Bâtiment d'Alembert, 78047 Guyancourt.
Résumé :
L’histoire littéraire du XXe siècle a gardé en mémoire l’Olympia Press comme le premier éditeur de Lolita de Vladimir Nabokov et des œuvres de Samuel Beckett, William S. Burroughs, Henry Miller ou encore J. P. Donleavy. Auteurs de manuscrits maudits, rejetés par l’espace éditorial anglo-saxon alors sous le joug des lois contre l’obscénité, c’est au cœur de Paris qu’ils ont trouvé refuge, auprès de l’Olympia Press et de son fondateur Maurice Girodias, au cours des années 1950. Enseigne spécialisée dans l’érotisme et publiant exclusivement en anglais, la maison d’édition défie les instances de censure américaine et britannique en vendant et exportant depuis la capitale française un catalogue composé de romans de commande pornographiques et d’une littérature renégate appelée à la consécration.
Le spectaculaire épisode médiatique et judiciaire de l’« affaire Lolita », né de l’interdiction de l’ouvrage par le gouvernement français, imposera Maurice Girodias en figure de la lutte pour la liberté d’expression littéraire. De 1956 à 1966, l’éditeur vit une décennie rythmée par les procès et les sanctions administratives. Cependant que la censure morale s’affirme avec force en France au début des années 1960, une dynamique contraire fissure l’édifice répressif anglo-américain, accélérant l’obsolescence du modèle représenté par l’Olympia Press.
En choisissant d’exporter son entreprise aux États-Unis, Maurice Girodias va se mesurer à un régime nouveau de liberté qui, paradoxalement, ne lui sied guère. Après avoir participé à la levée des interdits littéraires dans l’aire anglophone, il échouera à s’adapter aux changements de l’époque, tant culturels que marchands.
Si la trajectoire d’Olympia Press semble connue, elle a peu retenu l’attention du monde académique jusqu’à présent. Première étude universitaire à lui être consacrée, cette thèse s’appuie sur l’examen inédit d’archives éditoriales, judiciaires et de fonds d’écrivains pour présenter une histoire totale de la maison d’édition, inscrite dans celles plus larges de la censure, des échanges littéraires transatlantiques, de l’évolution des législations et des mœurs en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni, des années 1950 aux années 1970. Des premières traductions intégrales anglaises de Jean Genet et du marquis de Sade jusqu’à la publication de SCUM Manifesto de Valerie Solanas à New York, ce sont deux décennies éditoriales d’un acteur situé au premier plan des transformations culturelles des Trente Glorieuses que nous proposons d’explorer.

Membres du jury :
Colette Colligan (Littérature anglaise, Un. d'Angers, rapportrice)
Laurent Martin (Histoire contemporaine, Un. Sorbonne nouvelle, rapporteur)
Cécile Coquet-Mokoko (Civilisation américaine, UVSQ, examinatrice)
Cécile Cottenet (Civilisation américaine, Un. Aix-Marseille, examinatrice)
Jean-Yves Mollier (Histoire contemporaine, UVSQ, PR émérite, codirecteur)
Anne-Claude Ambroise-Rendu (Histoire contemporaine, UVSQ, directrice du CHCSC, directrice).