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[Soutenance de thèse] Du corps qui fait poème: une analyse de quatre chants de marins

Soutenance de thèse de Bianca Czarnobai de Jorge

le 21 novembre 2025

Vendredi 21 novembre 2025
Bâtiment Île-de-France
23 boulevard François Mitterrand, 91025 Évry-Courcouronnes
Mots-clés : langage,corps,voix,discours,chant de travail,chant de marin

Résumé :  
La présente thèse s’attache à analyser et à discuter le fonctionnement des chants de travail à bord, ou chants de marins, dans un contexte français. Les chants de marins accompagnent traditionnellement les travaux à bord du navire et apparaissent comme un moyen de coordonner le travail collectif. Afin de comprendre le fonctionnement de ces chants, deux chants de cabestan et deux chants de hissage ont été analysés à partir de quatre captations de performances lors de deux éditions (2015 et 2016) du Trophée Capitaine Hayet. Ce prix, organisé par l’Office pour le Patrimoine Culturel Immatériel, vise à sensibiliser au rôle des chants de marins en tant que patrimoine culturel immatériel français. Trois modèles distincts de transcription ont été développés afin de prendre en compte, à différents niveaux de mise en valeur, les aspects phonético-phonologiques, gestuels et intonatifs de chaque exécution. En comprenant que le geste est à la fois l’origine et l’aboutissement des chants, on a pu observer comment il se rattache à la pulsation, qui se répercute dans les chants à travers la métrique, mais aussi par des échos vocaliques et consonantiques, perceptibles aussi bien dans le texte que dans la manière de chanter – généralement organisée sous forme responsoriale. Partant de la continuité entre geste, texte et intonation dans ces chants, on discute comment ces trois éléments constituent trois faces différentes d’un même discours lié au faire marin. En s’appuyant sur une lecture de la pensée d’Henri Meschonnic et de sa compréhension du rythme et de l’anthropologie historique du langage, la thèse propose une relecture du rapport entre métrique et rythme, en considérant le souffle et le geste comme faisant partie de la création des poèmes-travail de marin. On y discute également le rôle des onomatopées dans les textes qui composent le chant et les effets du hitch sur la dynamique du travail à bord. Il en ressort que le geste, l’onomatopée et l’intonation constituent conjointement un discours marin et un poème proposé par le corps collectif des marins. Ce corps apparaît comme l’un des principaux responsables d’une conception du marin et du travail à bord qui se déploie dans une littérature de marin : une continuité d’un savoir-faire marin à travers le temps. Enfin, on comprend que la syllabe, bien qu’elle réponde à une métrique nécessaire à l’exécution du travail marin, se constitue aussi comme morphème, c’est-à-dire un principe d’unité qui traverse le corps, la langue et la voix verbalisée, jusqu’au discours et au faire marin. Ainsi se dessine une conception de syllabe-morphème, à partir d’une compréhension du rythme qui s’organise dans le geste de travail et le sémiotique instauré par l’onomatopée au cœur de ces chants.

Membres du jury :
Mme Daiane NEUMANN, Universidade Federal de Pelotas, Rapporteure
Mme Sandrine BEDOURET, ALTER - Arts/Langages : Transitions et Relations, Rapporteure
M. Diego GRANDO, Université du Rio Grande do Sul, Examinateur
M. Laurent CUGNY, Université Paris-Sorbonne Institut de recherche en musicologie, Examinateur

Direction de la thèse : Madame Violaine ANGER
Cotutelle avec l'université "Université du Rio Grande do Sul" (Brésil)