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Les frontières en études culturelles, de l’Antiquité à nos jours

Appel à communications : journée d'étude annuelle des doctorants CHCSC - DYPAC

le 16 mai 2024

16 mai 2024
UVSQ
47 Boulevard Vauvban, 78280 Guyancourt
Le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey (1992) définit la frontière comme « un dérivé de front (faire front), [...] un lieu gardé par une armée, une place forte qui fait front à un ennemi ». Peu à peu, le terme revêt une dimension géopolitique pour désigner la ligne séparant deux territoires, limite dont peuvent découler des processus de
contrôle et de fermeture. Aux États-Unis, la frontier prend à partir de l'époque coloniale une signification particulière, mouvante, synonyme d'expansion, comme le métaphorise le
Président Kennedy dans son célèbre discours de 1960 sur « The New Frontier ». Au-delà de la limite géographique, la frontière est investie dès le XVIIIe siècle d’un sens figuré pour
marquer des séparations dans des champs aussi concrets qu’abstraits. Employé dans tous les domaines du savoir, on parle par exemple des « frontières linguistiques », des «  frontières d’un genre littéraire », des « frontières d’une identité » ou d’une communauté. Elle revêt aujourd’hui un sémantisme paradoxal : rarement convoquée en soi, elle semble être surtout utilisée pour évoquer ce qui excède la limite, la transgresse.

Cette journée d’étude pluridisciplinaire entend s’appuyer sur la notion de frontière afin de rassembler des jeunes chercheurs et chercheuses – doctorant.e.s et jeunes docteur.e.s –
autour d’une question transversale particulièrement riche et s’appliquant à tous les champs des sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, ethnologie, histoire,
philosophie, langues, lettres, arts, études de genre, etc.). La journée d’étude invite à prendre la frontière comme point de réflexion thématique autour d’un objet d’étude, comme, par
exemple, interroger son origine et les acteurs qui en dessinent les contours : par quel(s) geste(s) prend-elle forme ? Pour quelles raisons et dans quelles conditions s’exerce-t-elle ?
Relève-t-elle d’un acte consensuel ou imposé ? Penser la frontière implique également d’examiner les phénomènes de transgression et de mouvance remettant en question la
définition même d’une lisière, voire son existence. Cette journée invite enfin à explorer les tensions méthodologiques que pose la frontière dans le cadre des nouveaux champs d’analyse
des études culturelles.

Les communications proposées dans le cadre de cette journée pourront s’appuyer, mais non exclusivement, sur les deux axes suivants :

1) Nouveaux objets et territoires d'investigation des études culturelles

À l'image des sciences humaines et sociales dans leur ensemble, les études culturelles investissent depuis une vingtaine d'années de nouveaux champs d'études. Des icônes pop aux
cultures urbaines, des littératures postcoloniales aux géographies de l'intime et aux études queer, les frontières disciplinaires, déjà poreuses, sont repoussées. Ce cultural turn des
humanités participe d'une légitimité scientifique nouvellement acquise pour un certain nombre d'objets d'investigation auparavant déconsidérés. La frontière se fait alors métaphore
d'une science en mouvement, dynamique, arpentant de nouveaux sujets, façonnant de nouvelles méthodes, constituant de nouveaux corpus de sources. Un élargissement
thématique qui participerait d'une dissolution de l'identité originelle des études culturelles ? Car la question de la frontière même des « études culturelles » n'est ni claire ni consensuelle.
Les échelles d'analyse sont également repensées, de la microhistoire développée à partir de la fin des années 1970 aux circulations transnationales des idées, des biens et des personnes. De nouveaux territoires deviennent des objets d'étude à part entière des frontières culturelles, à l'image des marges sociales et géographiques, de l'underground au cyberspace.

Cet axe se propose ainsi d'interroger la notion polysémique de frontière au regard des nouveaux champs d'études et des nouveaux territoires explorés depuis peu par les études
culturelles, dans leur diversité disciplinaire. La journée d'étude se veut particulièrement attentive aux difficultés rencontrées dans l'exploration de ces nouveaux objets et aux
solutions et méthodologies mises en place par les doctorants et doctorantes. Comment identifier et analyser des corpus archivistiques qui étaient auparavant dans l'ombre de
l'histoire ? Quelles résistances (disciplinaires, théoriques, méthodologiques) se manifestent dans les différentes étapes de la recherche ? Les propositions d'interventions thématiques sur les enjeux et acteurs de la création à l’existence des frontières, de ceux qui les édictent à ceux qui les transgressent, seront également particulièrement appréciées.

2) Études culturelles : nouvelles frontières technologiques et numériques

Nous les connaissons sous les appellations « humanités numériques » en français et « Digital Humanities » en anglais, elles se définissent comme une application du savoir entre
sciences humaines et sociales et sciences de l’informatique et du numérique. S’adaptant aux progrès techniques de notre ère, elles s’inscrivent de plus en plus en SHS, notamment au sein des études culturelles, et élargissent les frontières de nos pratiques de recherche. La construction de bases de données, la constitution de corpus de sources numérisées, les calculs numériques et statistiques, l’encodage, les nouvelles méthodes de traitement de texte, la mise en ligne et les publications en ligne de corpus et d’articles sont désormais possibles grâce à l’immensité de stockage que nous permet d’obtenir le numérique. Grâce à eux, la recherche s’accélère - ou ralentit face à l'ampleur des données à analyser - et c’est dans ce « nouveau contexte » que « de nouvelles perspectives de la recherche se dessinent, mais que de nouveaux besoins naissent aussi ». L’utilisation des humanités numériques interroge donc les frontières de la pratique de la recherche et confronte les chercheurs et chercheuses à l’utilisation et l’investigation de celles-ci dans la recherche elle-même : simple outil ou champ de recherche à part entière ? D'ordinaire cloisonnées, les frontières des études culturelles s'ouvrent vers ces nouveaux savoirs que sont l'informatique et le numérique,
permettant ainsi une transversalité dans la recherche. La création de Masters d’humanités numériques et les nombreuses thèses soutenues ou en cours dans ce domaine sont également le reflet de l’importance croissante que prennent les humanités numériques dans le monde de la recherche.

Ainsi, dans l’exploration de nouveaux acteurs et de nouveaux objets, les chercheurs et chercheuses sont confronté.e.s à des difficultés méthodologiques nouvelles. L’axe invite ainsi
à réfléchir aux nouvelles frontières suscitées par l’informatique et le numérique, qui, se présentent à la fois comme un problème et amorce de solution, mais cristallisent surtout un
nouveau débat et de nouvelles problématiques : par quel(s) moyen(s) les chercheurs et chercheuses articulent-ielles les humanités numériques avec la recherche en études culturelles et leurs données dites « froides » ? Est-ce à dire que les méthodes quantitatives et les approches ingénieuriques sont devenues centrales dans l'appréhension des objets culturels ?
Comment le numérique, omniprésent dans nos quotidiens de chercheur.es, bouleverse-t-il nos méthodes d'analyse des questions culturelles ?
 
  • Calendrier :
Date butoir de candidature : 17 février 2024.
Publication des textes sélectionnés : 18 mars 2024.
Date et lieu de la journée d’étude : 16 mai 2024, au campus de Saint-Quentin-en-Yvelines de l’UVSQ, 47 boulevard Vauban, 78280 Guyancourt.
 
  • Modalités de soumission :
Cette journée d’étude pluridisciplinaire est ouverte à tous les différents champs de recherche issus des sciences humaines et sociales.

L'appel à communications est ouvert à tous les doctorants et jeunes docteurs ayant soutenu leur thèse ces dernières années, en France ou à l’étranger. Il n'y a pas de frais
d'inscription pour participer à la journée d'étude.

Les communications se feront en français ou en anglais. Les propositions de communication (3500 caractères maximum espaces compris) sont à envoyer, accompagnées
d’une courte présentation de l’auteur (comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant ainsi que l’université ou l’organisme de rattachement) et d'une bibliographie succincte, au plus tard le 17 février 2024 à l’adresse suivante : je.frontieresculturelles2024@gmail.com