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Les années Johnson : ruptures, continuité et héritage

Appel à communications : journée d'études - Alexandra Boudet-Brugal (CHCSC-UVSQ), Benoît Lopez (DANTE, UVSQ)

le 23 mai 2023

Mardi 23 mai 2023
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
“So, to you of this student body, I say merely as a statement of fact, America is yours, yours to make a better land, yours to build the great society” (L.B. Johnson, May 07, 1964, “Remarks in Athens at Ohio University”).

Le 22 novembre 1963, il y aura 60 ans dans quelques mois, Lyndon Bayne Johnson prête le serment d’office à bord d’Air Force One à Dallas, quelques heures après l’assassinat de John F. Kennedy. La présidence de Lyndon B. Johnson commence ainsi avec une crise, et se conclut sur une autre, le bourbier du Vietnam. C’est souvent ce que l’on retient du président Johnson, qui ne se représente pas en 1968. Face à une lutte sourde pour affirmer sa légitimité dans les premières heures, puis à la tête d’une présidence entachée par une guerre impopulaire, marquée du slogan « “Hey, hey, LBJ, how many kids did you kill today?”, le président semble être tombé en disgrâce en ayant entériné l’envoi des troupes américaines au Vietnam en 1964. Son mandat et son image ne résisteront pas, et beaucoup se demandent s’il sera un jour réhabilité.
En matière de politique intérieure, le président va déclarer une "guerre contre le crime" le 8 mars 1965, peu après avoir déclaré une “guerre contre la pauvreté”. L’approche de Johnson résonne étonnamment avec notre époque. En effet, la guerre contre le crime ne visait pas tant le comportement criminel, que les facteurs sociologiques et économiques qui, selon le gouvernement, menaient à la criminalité. Dans un autre registre, l'administration Johnson a adopté une position parfois agressive en matière d’antitrust. Elle a notamment intenté une action en justice pour bloquer l'acquisition de certaines parties de Tidewater Oil proposée par Humble Oil and Refining.
De plus, le contexte économique est favorable, tout comme la conjoncture politique pour les Démocrates (victoire écrasante en 1964 accompagnée d’une majorité confortable au Congrès1). Et le mandat de Johnson est actif : le 89e Congrès (1965-1966) est le plus productif de l’histoire des Etats-Unis. Les années Johnson sont ainsi des années de transformations de l’Amérique qui se lance un programme audacieux, incluant les demandes de la lutte pour les droits civiques et promet une « Great Society ». A ce titre, en 2024, la Great Society fêtera ses 60 ans, et il nous semble impératif de ne pas occulter ces « Grands Travaux » entrepris par Johnson, fervent admirateur de FD Roosevelt, et de son administration, qui font ainsi voter une série de législation qui marquera profondément les Etats-Unis. Entre autres, on peut souligner :
- Civil Rights Act, 1964
- Création d’un poste de Special Assistant for Consumer Affairs, 1964
- Medicare et Medicaid, 1965
- Voting rights act de 1965
- Immigration and Nationality Act, 1965
- National Foundation on the Arts and the Humanities Act, 1965
- The Highway Safety Act, 1966
- The Freedom of Information Act, 1966
- War on poverty, 1964 : January 8, 1964: “This administration today, here and now, declares unconditional war on poverty in America. … It will not be a short or easy struggle, no single weapon or strategy will suffice, but we shall not rest until that war is won. The richest nation on earth can afford to win it. We cannot afford to lose it” (LB Johnson, 8 janvier 1964, State of the Union).
- Nomination du premier Juge de la Cour Suprême Afro-American (Thurgood Marshall), 1967.
- En réponse aux émeutes raciales, création de la National Advisory Commission on Civil Disorders (commission Keller), 1967

Cette période est aussi marquée par des affaires fondamentales portées devant la Cour suprême des Etats-Unis. Citons à titre d’exemple New York Times v. Sullivan, 9 mars 1964 (en matière de diffamation des personnages officiels) ou encore Miranda v. Arizona, 13 juin 1966 (concernant le droit de l’accusé de garder le silence). Le législatif et le judiciaire ont donc, pendant ces années et sous l’impulsion de l’exécutif, oeuvré à réorienter la politique intérieure des aux Etats-Unis. Les années Johnson et son héritage offrent ainsi tout à la fois des transformations sociétales formidables à l’impact indéniable qui restent marquées et parfois occultées par la débâcle du Vietnam et les violences urbaines.

La conférence n'a pas pour ambition d'ouvrir la voie à une réhabilitation mais plutôt d’envisager un rééquilibrage historiographique, afin d'examiner les différents aspects des années Johnson, leurs complexités et leur héritage. A plus forte raison que des ouvrages monumentaux ont déjà été produits sur le président Johnson et sa présidence, notamment la remarquable biographie en plusieurs volumes de Robert Caro2. Cette journée d’études vise donc, dans la lignée de ces réflexions, à établir un bilan qui porterait essentiellement sur trois aspects des années Johnson, le juridique, le politique et le culturel. De fait, l’approche se veut pluridisciplinaire, afin de brosser un portrait pondéré de ces années tumultueuses.
Dans ce cadre, on tentera également de mettre en relation l’Amérique de Johnson et celle d’aujourd’hui en tentant d’établir dans quelle mesure les Etats-Unis sont aujourd’hui un produit de ces années et en s’interrogeant également sur un possible effet de miroir. En effet, les atteintes au droit de vote dans certains états, les débats autour de la Cour Suprême, ainsi que les tentatives de l’administration Trump de faire reculer la gratuité de l’accès à certains soins interpellent nécessairement sur la portée, les succès et les échecs des politiques mises en place durant les années Johnson.

Les communications pourront mobiliser une méthodologie historique (recherche archivistique), une méthodologie empirique de type sociologique (enquêtes quantitatives, entretiens qualitatifs et/ou observations participantes), une méthode juridique, ou une perspective ancrée dans les cultural studies ou les études littéraires.

La journée d’étude propose une structure autour de quatre/cinq thèmes de recherche :
1. Les Droits Civiques et les luttes des minorités ; discrimination ;
2. Great Society et War on Poverty: lutte contre la pauvreté, Medicare, Medicaid ;
3. La Guerre du Viet-Nam ;
4. Le Sud, la polarisation Nord / Sud.

Les propositions de communication sont à adresser à Benoît Lopez (benoit.lopez@uvsq.fr) et Alexandra Boudet-Brugal (alexandra.boudet-brugal@uvsq.fr), pour le 6 décembre 2022. Elles doivent indiquer :
NOM, Prénom
Université / département / adresse
Email / téléphone
Statut
Les propositions devront être de l’ordre de 2000 signes (+ 5 mots-clefs).
Réponse du comité d’organisation : le 15 janvier 2023


BIBIOGRAPHIE


Sources primaires
Discours de Lyndon Bayne Johnson :
Jan 1964, “State of the Union Address” (“unconditional war on poverty”);
May 7, 1964, “Remarks in Athens at Ohio University” ;
May 22, 1964, Johnson’s Great Society speech à l’Université de Ann Arbor, Michigan ;
March 15, 1965 , “Address to Congress -- We Shall Overcome” ;
September 29, 1967, “Speech on Vietnam” ;
March 6, 1968, “Special Message to the Congress on the Problems of the American Indian: The Forgotten American" ;
March 31, 1968, “Remarks on Decision not to Seek Re-Election”.

Sources secondaires
Caro, Robert A. The Years of Lyndon Johnson in 4 volumes: The Path to Power (1982); Means of Ascent (1990); Master of the Senate (2002); The Passage of Power (2012). Alfred A. Knopf.
Caroli, Betty Boyd. Lady Bird and Lyndon. Simon & Schuster, 2015.
Dallek, Robert. Lone Star Rising: Lyndon Johnson and His Times, 1908-1960. Oxford University Press, 1991.
Dallek, Robert. Flawed Giant: Lyndon Johnson and His Times, 1908-1960. Oxford University Press, 1998.
Halberstam, David. The Best and the Brightest. Random House, 1972.
Hinton, Elizabeth. From the War on Poverty to the War on Crime. Harvard University Press, 2016.
Reedy, George E. The Twilight of the Presidency: From Johnson to Reagan. E. P. Dutton, 1987.
Schlesinger, Arthur M., Jr., The Imperial Presidency. Houghton Mifflin, 1973.
Sherrill, Robert. The Accidental President. Grossman, 1967.
Zarefsky, David. President Johnson’s War on Poverty: Rhetoric and History. University of Alabama Press, 1986.
Zelizer, Julian E. The Fierce Urgency of Now: Lyndon Johnson, Congress and the Battle for the Great Society. Penguin, 2015.
Zinn, Howard. A People's History of the United States. HarperCollins, 2003.

Pièce de théâtre
Robert Schenkkan. All the Way. Dramatist Play Service, Inc, 2014

Articles
Geyelin, Philip. “The sad years of President Lyndon B. Johnson”. In Pulitzer Prize Editorials: America’s Best Writing, 1917-2003 (Third Edition), William David Sloan, Laird B. Anderson (eds.), Iowa State Press, 2003, pp. 177-80. URL : https://www.pulitzer.org/article/sad-years-president-lyndon-b-johnson
Boteach, Melissa, Erik Stegman, Sarah Baron, Tracey Ross, et Katie Wright. “The War on Poverty: Then and Now”. Center for American Progress, January 7, 2014. URL : https://www.americanprogress.org/issues/poverty/reports/2014/01/07/81661/the-war-on-poverty-then-and-now/
Bailey, Maetha J et Nicolas J. Duquette. “How Johnson Fought the War on Poverty: The Economics and Politics of Funding at the Office of Economic Opportunity”. J Econ Hist. 2014 Jun; 74(2): 351–388. URL : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4266933/
 
Informations complémentaires
Comité d'organisation : Alexandra Boudet-Brugal, (CHCSC, UVSQ), Benoît Lopez (DANTE, UVSQ)
Comité scientifique : Cecile Coquet-Mokoko (UVSQ), Sophie Croisy (UVSQ), Taoufik Djebali (Université de Caen), Sandrine Ferre-Rode (UVSQ), Laurent Gamet (UPEC, Société de législation comparée, Sciences Po), Lauric Henneton (UVSQ), Patrick Jacob (UVSQ), Guillaume Marche (UPEC), Steve Whitfield (Brandeis University).

Contacts : Alexandra Boudet-Brugal, (CHCSC, UVSQ) alexandra.boudet-brugal@uvsq.fr et Benoît Lopez (DANTE, UVSQ) benoit.lopez@uvsq.fr