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Cosmopolitisme scène. Spectacle et société dans une modernité périphérique (Rio de Janeiro et São Paulo, 1822-1930)

Soutenance de thèse de Daniel Polleti

le 16 décembre 2022

Vendredi 16 décembre 2022
UVSQ, Salle des thèses
5 Boulevard d'Alembert, 78280 Guyancourt
Résumé :
La « décadence du théâtre national » est un thème omniprésent dans le débat sur l’art scénique au Brésil du XIXe siècle jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. Toutefois, entre une historiographie qui, jusqu’aux années 1980, s’inscrit dans la continuité des plaintes de l’époque et cherche les « raisons » du déclin, et une autre qui, plus récemment, s’engage dans la « récupération » d’un théâtre dit populaire et a tendance à rejeter les plaintes comme un préjugé d’une élite cosmopolite qui méprise un art qui plaît au public, les causes et les effets des termes du débat n’ont jamais été problématisés.
Dans notre thèse, par la prise au sérieux de la parole des acteurs de l’époque, nous voulons faire une histoire sociale du théâtre pour un période de plus de cent ans, entre l’indépendance du Brésil, en 1822, et la fin de Première République, en 1930. Le débat sur la décadence de la scène est le point de départ à partir duquel nous voulons analyser la formation de la société du spectacle brésilien et de son insertion au sein de la société large. De manière plus générique, nous voulons comprendre comme à partir de certaines positions, les acteurs arrivent à produire des représentations de l’identité nationale.
Notre argumentation suit un plan chronothématique divisé en deux parties. La première est consacrée surtout au débat sur la décadence du théâtre en soi, que nous analysons de son apparition, peu après l’Indépendance du pays, jusqu’à l’inauguration des théâtres municipaux de Rio de Janeiro (1909) et São Paulo (1911). Cette partie est divisée en trois chapitres qui suivent un ordre chronologique, qui correspondent à peu près aux périodes 1830-1850, 1850-1880 et 1880-1911. Chaque période corresponde à une alternance de génération d’auteurs et de comédiens, qui cultivent des nouvelles conceptions du travail artistique et littéraire, apportent des nouveaux éléments au débat, tout en lui donnant continuité et en mettant à jour une ancienne idée de mission d’intervention sociale du travail littéraire et de la fonction du Théâtre dans la société. Chacun de ces moments a un rapport avec des dates fortes de l’évolution politique et sociale brésilienne, qui représentent des nouveaux défis auxquels artistes et écrivains doivent répondre et s’adapter, mais aussi des nouvelles opportunités pour leurs carrières.
La seconde partie est centrée sur le spectacle des années 1910 et 1920. Ici, l’enjeu principal est la modernisation du théâtre brésilien, qui, pour ce que nous lisons dans l’historiographie, n’aurait pas eu lieu, tandis que le mouvement moderniste aurait mis à jour tous les autres arts. Et pourtant, nous voyons que les acteurs avaient conscience de la nécessité de changer le théâtre, alors que le débat sur la décadence du théâtre devient de plus en plus celui d’une crise. Cette partie est également divisée en trois chapitres. Nous commençons par l’analyse des bâtiments théâtraux, leurs usages et leur localisation. C’est à partir de l’observation des usages multiples des bâtiments dédiés au spectacle et surtout après l’essor du cinéma, que nous arrivons à cette métamorphose des termes du débat. Ensuite, nous abordons, les évolutions du théâtre brésilien dans les premières décennies du XXe siècle, avec une particulière attention aux ruptures qui ont lieu à cette époque et aux stratégies des acteurs pour adapter leur pratique aux nouveaux temps. Enfin, puisque nous argumentons que les contradictions dans les discours et dans la pratique des acteurs, ainsi que les limites de leurs stratégies, sont liées à la position du pays du Brésil dans l’espace du capitalisme global, nous finaliserons notre thèse avec un chapitre dédié aux rapports du Brésil avec le monde à partir des circulations dans lesquels le pays s’insère, en particulier concernant les tournées des troupes théâtrales. Notre idée est de montrer comme des identités diverses sont articulées à partir des rapports avec l’étranger.

Membres du jury :
Pascale Goetschel (Professeure des universités - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) - Présidente et rapporteure
Orna Messer Levin (Professor Livre Docente - Universidade Estadual de Campinas) - Rapporteure
Christophe Charle (Professeur émérite - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) - Examinateur
Anaïs Fléchet (Maîtresse de conférénces HDR, UBSQ/Université Paris-Saclay - Examinatrice
Sébastien Rozeaux (Maître de conférénces, Université Toulouse - Jean Jaurès) - Examinateur
Jean-Claude Yon (Directeur d'études, École Pratique des Hautes Études) - Directeur de thèse
Informations complémentaires
Pour toute information complémentaire, veuillez écrire à danielpolleti@msn.com