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Appel : "Afrique(s) : les médias, entre histoire et mémoire"

Le Temps des Médias lance un appel à contributions pour un dossier intitulé « Afrique(s) : les médias, entre histoire et mémoire » à paraître en 2015 dans le numéro 25 de la revue. Ce numéro se donne pour objectif de questionner le rôle des médias français, africains, internationaux et transnationaux dans les processus de constructions mémorielles qui se sont opérés sur certains événements, certaines figures ou certains acteurs liés à l'histoire des relations entre la France et l'Afrique subsaharienne.

du 1 juillet 2014 au 16 juillet 2014

Date limite : mercredi 16 juillet 2014
Les polémiques concernant l'histoire des relations entre la France et l'Afrique donnent le sentiment d'une mise en visibilité croissante de ce type de débats au sein de l'espace public français. Qu'il s'agisse du combat mené par de nombreux intellectuels contre la vision de l'Afrique portée par le discours de Dakar, des controverses qui ont entouré la loi de février 2005 sur le rôle positif de la colonisation française, des révélations autour de la Françafrique ou des questionnements sur le rôle joué par la France au Rwanda, force est de constater que cette histoire est au croisement d'enjeux politiques, historiques et mémoriels qui en font la matrice, pour le meilleur, de débats intellectuels, de recherches scientifiques et d'une curiosité émanant du grand public, mais aussi, pour le pire, de fantasmes, de ressentiments ou de velléités de manipulation du passé.

Si la nouveauté de ces controverses est sans doute à nuancer, leur forte médiatisation au cœur des années 2000 invite le chercheur à interroger les formes que prend la médiation de l’histoire africaine ainsi que les types de récit que les journalistes contribuent à faire circuler sur cette histoire. Il paraît dès lors nécessaire de questionner le rôle des médias français, africains et internationaux dans la construction des images de l’Afrique et dans les rapports entretenus entre ces représentations et la fabrique d’imaginaires, d’identités et de souvenirs partagés.

1. Il s’agira d’abord d’étudier les représentations médiatiques de ce passé commun entre la France et l’Afrique. Quels sont les événements, les lieux ou les grandes figures régulièrement mis en avant ? Quels sont à l’inverse les périodes, les faits ou les acteurs oubliés et comment ces oublis peuvent-ils s’expliquer ? Qu’est-ce que ces représentations révèlent de l’évolution du regard porté sur le continent et des identités africaines qui ont pu être postulées et construites par les médias français, africains ou transnationaux ? Existe-t-il une vision homogène de cette histoire sur le continent africain ? Des visions nationales ? Quelles perceptions de la France et des Français révèlent ces productions médiatiques ? Quelles valeurs, quels principes et quels imaginaires nourrissent ces récits produits et diffusés sur les événements a posteriori ?

Les propositions qui permettraient de mettre en perspective ces questionnements au regard d’une étude se centrant sur les médiations de l’histoire des relations entre l’Afrique et un pays autre que la France seront les bienvenues

2. Une deuxième dimension du numéro s’attachera à comprendre les modalités de fabrication de ces représentations du passé par les médias et leurs évolutions. Quelles sont les principales sources mobilisées pour évoquer cette histoire ? Quels groupes (y compris groupes diasporiques) sont susceptibles d’orienter l’écriture des journalistes ? Quelles stratégies déploient les groupes porteurs de mémoire pour accéder à l'espace public français, à leur espace public national voire à une médiatisation à l'échelle internationale ? Quelle est la part jouée par les imaginaires des journalistes, par la manière dont ils perçoivent leur public, par la structuration des espaces publics ? Quelles évolutions ont généré la révolution du numérique et l’accélération de la circulation des flux d’information ? Quelles sont les spécificités des médias transnationaux dans leur manière de raconter cette histoire ? En fonction du pays, du type de régime, de l'organisation de la sphère médiatique, des sensibilités éditoriales, les médias jouent-ils un rôle de relais, de filtres, d'amplificateurs ou de créateurs de mémoire ?

3. Enfin, il s’agira aussi d’étudier certains enjeux de telles représentations autour de trois axes principaux de réflexion.

Un premier axe correspond aux enjeux politiques des rapports entretenus entre médias et processus de mémorialisation. A quelles occasions les médias furent-ils utilisés par des pouvoirs politiques dans des stratégies d'usage de ce passé à des fins de mobilisation du public, d'obtention du consentement de celui-ci ou de recherche de popularité, de légitimité ou de crédibilité ? Le souvenir de certains faits liés à cette histoire spécifique a-t-il pu constituer un outil de communication politique pour des pouvoirs en place ? De quelle mémoire officielle de ces événements les médias français et africains sont-ils parfois les relais ? De quelles formes de médiatisation bénéficient les temps de commémoration officielle ?
Une deuxième dimension porte sur les effets de ces représentations du passé sur la construction des identités individuelles et collectives. Des éclairages sur la contribution de ces discours médiatiques à la fabrique de sentiments d’appartenance seront les bienvenus. Il serait aussi précieux de questionner la manière dont ces représentations sont susceptibles d’affecter le rapport de certains groupes au présent ou à l’avenir. On pourra notamment s’interroger sur la manière dont les représentations occidentales ont pu influencer à certaines époques la vision que les Africains ont eue de leur propre histoire. Enfin, les propositions qui mettraient en valeur des cas où les journalistes se tourneraient vers ce passé dans le but de dépasser le ressassement des éléments traumatiques à des fins de construction d’une mémoire collective favorisant la projection d’un groupe vers l’avenir seront valorisées.
Un dernier aspect concerne les modalités d'écriture de l’histoire et le rôle social de l'historien face aux stratégies de différents acteurs mobilisant des mémoires concurrentes de ce passé partagé (usage politique du passé ; revendications mémorielles ; négationnisme ; enjeux de justice...). Dans quelle mesure et en vertu de quels critères d'analyse ces productions médiatiques peuvent-elles constituer une source pour l'écriture de l'histoire des liens entre la France et l'Afrique ? Quelle position doit adopter l'historien face aux tentatives d'écriture d'une histoire du temps présent proposées par certains journalistes spécialistes du continent africain ? Comment l'historien des médias peut-il contribuer à un rapprochement entre ces mémoires et le(s) récit(s) historique(s) ? Quels sont ses modes d'action (pédagogie, vulgarisation scientifique, communication au sein de l'espace public...) et comment doit-il finalement penser son rôle social ?


[Conditions de soumission]

Ce numéro vise en définitive à consolider les acquis scientifiques sur le rôle des médias dans les processus de mémorialisation ainsi qu'à enrichir notre connaissance de l'histoire des liens entre la France et l'Afrique. Il contribuera aussi, nous l'espérons, à étoffer la réflexion épistémologique sur les modalités d'une écriture de l'histoire par les médias et à confirmer toute la force heuristique d'une approche historienne plaçant les archives médiatiques au cœur de la fabrique de l'histoire.

Veuillez adresser vos propositions de 5000 caractères accompagnées d’un court CV aux deux coordinateurs du numéro, François Robinet (UVSQ/CHCSC) et Jamil Dakhlia (Paris 3 Sorbonne nouvelle/CIM). C/O : francois.robinet2@uvsq.fr // jamil.dakhlia@univ-paris3.fr

[Calendrier prévisionnel]

propositions à remettre pour le 16 juillet 2014
sélection des propositions et retour aux auteurs : 8 septembre 2014
envoi des articles : 23 février 2015
expertises et retour aux auteurs : 13 avril 2015
restitution définitive des articles : 30 juin 2015
publication : automne 2015


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