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Appel : Quand le West/ern rencontre le South/ern
le 31 décembre 2012
Envoi des propositions avant le 31 décembre 2012
Colloque international (When the West/ern meets the South/ern), 19-20 avril 2013. Les propositions (250 mots) sont à envoyer à Claire Dutriaux (Université Paris IV-Sorbonne) et à Taïna Tuhkunen (UVSQ) avant le 31 décembre 2012.
The Great Train Robbery est souvent cité comme le premier western de l’histoire du cinéma, vu la manière dont ce film d’Edwin S. Porter met en place maints motifs et types westerniens que l’on retrouvera dans les westerns ultérieurs. Devant l’intérêt suscité par The Great Train Robbery, on se demande pourquoi Uncle Tom’s Cabin, un autre film de Porter, sorti également en 1903, et qui introduit le spectateur à un univers explicitement sudiste, a fait l’objet de beaucoup moins d’intérêt, au point d’être souvent "oublié" de la filmographie de Porter. Pourtant, cette première adaptation du roman de Harriet Beecher Stowe (1852) met déjà en évidence bon nombre des motifs, tropes et schémas scénaristiques fondateurs d’un genre "southern", terme proposé par Larry Langman et David Ebner dans Hollywood’s Image of the South: A Century of Southern Films (2001).
Les raisons de cette absence de reconnaissance seraient-elles à chercher dans les difficultés du Sud états-unien, imprégné de ses "institutions particulières", à offrir au cinéma de la matière à fiction suffisamment illustre dans le sens étymologique de ce terme (illustris : "clair, éclairé, bien en lumière" ; "clair, éclatant, manifeste ; brillant, marquant") ? Peut-être, mais il y a bien d’autres raisons pour la prééminence des westerns qui semblent résonner avec la rhétorique de la découverte et de la conquête, l’"apprivoisement" de plusieurs formes de wilderness alors que le southern, perçu souvent comme un "mauvais genre", se focalise plutôt sur le perdu et sur l’obscur, en feuilletant les pages plus sombres de l’Histoire américaine.
S’il serait difficile d’évoquer les westerns et les southerns sans poser la question des ancrages historiques et des périmètres génériques, on ne pourrait ignorer les manières dont ces genres filmiques interagissent avec les icônes et les grands récits américains. A l’instar de l’Ouest américain, l’espace référentiel nommé "South" a été recréé maintes fois à l’écran avec ses typologies et esthétiques symptomatiques. En 1915, avec le techniquement et esthétiquement éblouissant, mais idéologiquement intolérable The Birth of a Nation de D. W. Griffith, le film sudiste prouve son potentiel comme un action movie qui n’a rien à envier aux westerns. Un quart de siècle plus tard, Gone with the Wind (1939), un autre film matriciel, animé par ses propres glorifications et gommages historico-culturels, confirme le pouvoir mélodramatique exercé par le cinéma sudiste lors des reconstructions d’un monde "emporté par le vent", mais toujours curieusement "dans le vent".
A première vue, les différences entre l’Ouest et le Sud filmiques, deux espaces à la fois réels et fantasmatiques, semblent incontestables. Il y aurait, d’une part, les "films d’action" incarnés par des héros masculins, et d’autre part, les "scénarios de stagnation" centrés sur les plantations et les Southern Beaux et Belles ; des vastes étendues à conquérir et à peupler dans l’Ouest, peu compatibles avec les champs de coton, les marais délétères et les maisons confinées ou déjà en ruine dans le Sud. Sans oublier, bien sûr, les postures du pionnier blanc qui, au milieu d’un paysage panoramique, défend sa famille contre les "Peaux rouges", alors qu’un autre homme blanc trône en maître absolu dans sa maison blanche au milieu des esclaves noirs.
Par-delà ce type d’images-clichés qui convoquent aussitôt des scènes-types, se rend toutefois lisible la volonté de brouiller les pistes parmi les schémas préétablis. En effet, pour le bonheur du spectateur contemporain, les westerns et les southerns échappent, de moins en moins souvent, au jeu d’hybridation et de "bâtardisation" des genres, en nous invitant à reconsidérer l’Ouest et le Sud nord-américains au-delà des oppositions géographiques et des polarités culturelles, multipliées et diffusées par la culture populaire, avant tout par le septième art.
Pendant le colloque de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines qui examinera les diverses dynamiques qui existent, parfois depuis plus longtemps que l’on ne le pense, entre le Far West et le (Deep/) South, projetés depuis plus d’un siècle sur le grand écran, chaque présentation évoquera, quelle que sera l’optique choisie, les deux topoi concernés. Car si bon nombre d’études ont déjà été publiées sur les relations Nord-Sud, ainsi que sur les rapports Est-Ouest, il reste à explorer les connexions Ouest-Sud (ou, si l’on préfère, Sud-Ouest) au cinéma. – L’approche croisée ainsi formulée de notre colloque, inscrite sous le mot "rencontre", permettra, nous l’espérons, une meilleure compréhension des enjeux des films sudistes, tout en apportant des éclairages novateurs sur le cinéma westernien, domaine tellement recherché que l’on pourrait presque affirmer que tout a déjà été dit et écrit sur le sujet. Le Sud filmique risque de bénéficier de ce recul vis-à-vis du Nord lors de son rapprochement ponctuel avec l’Ouest, une région avec laquelle le Sud n’a jamais eu de ligne de démarcation du type Mason-Dixon Line qui l’a séparé des Yankees. – Quant aux westerns, l’approche délibérément oblique ou désaxée pourrait, nous le pensons, stimuler la réflexion sur ses propres "légitimités" et "illégitimités" lors des re /constructions cinématographiques westerniennes de l’Amérique.
Les raisons de cette absence de reconnaissance seraient-elles à chercher dans les difficultés du Sud états-unien, imprégné de ses "institutions particulières", à offrir au cinéma de la matière à fiction suffisamment illustre dans le sens étymologique de ce terme (illustris : "clair, éclairé, bien en lumière" ; "clair, éclatant, manifeste ; brillant, marquant") ? Peut-être, mais il y a bien d’autres raisons pour la prééminence des westerns qui semblent résonner avec la rhétorique de la découverte et de la conquête, l’"apprivoisement" de plusieurs formes de wilderness alors que le southern, perçu souvent comme un "mauvais genre", se focalise plutôt sur le perdu et sur l’obscur, en feuilletant les pages plus sombres de l’Histoire américaine.
S’il serait difficile d’évoquer les westerns et les southerns sans poser la question des ancrages historiques et des périmètres génériques, on ne pourrait ignorer les manières dont ces genres filmiques interagissent avec les icônes et les grands récits américains. A l’instar de l’Ouest américain, l’espace référentiel nommé "South" a été recréé maintes fois à l’écran avec ses typologies et esthétiques symptomatiques. En 1915, avec le techniquement et esthétiquement éblouissant, mais idéologiquement intolérable The Birth of a Nation de D. W. Griffith, le film sudiste prouve son potentiel comme un action movie qui n’a rien à envier aux westerns. Un quart de siècle plus tard, Gone with the Wind (1939), un autre film matriciel, animé par ses propres glorifications et gommages historico-culturels, confirme le pouvoir mélodramatique exercé par le cinéma sudiste lors des reconstructions d’un monde "emporté par le vent", mais toujours curieusement "dans le vent".
A première vue, les différences entre l’Ouest et le Sud filmiques, deux espaces à la fois réels et fantasmatiques, semblent incontestables. Il y aurait, d’une part, les "films d’action" incarnés par des héros masculins, et d’autre part, les "scénarios de stagnation" centrés sur les plantations et les Southern Beaux et Belles ; des vastes étendues à conquérir et à peupler dans l’Ouest, peu compatibles avec les champs de coton, les marais délétères et les maisons confinées ou déjà en ruine dans le Sud. Sans oublier, bien sûr, les postures du pionnier blanc qui, au milieu d’un paysage panoramique, défend sa famille contre les "Peaux rouges", alors qu’un autre homme blanc trône en maître absolu dans sa maison blanche au milieu des esclaves noirs.
Par-delà ce type d’images-clichés qui convoquent aussitôt des scènes-types, se rend toutefois lisible la volonté de brouiller les pistes parmi les schémas préétablis. En effet, pour le bonheur du spectateur contemporain, les westerns et les southerns échappent, de moins en moins souvent, au jeu d’hybridation et de "bâtardisation" des genres, en nous invitant à reconsidérer l’Ouest et le Sud nord-américains au-delà des oppositions géographiques et des polarités culturelles, multipliées et diffusées par la culture populaire, avant tout par le septième art.
Pendant le colloque de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines qui examinera les diverses dynamiques qui existent, parfois depuis plus longtemps que l’on ne le pense, entre le Far West et le (Deep/) South, projetés depuis plus d’un siècle sur le grand écran, chaque présentation évoquera, quelle que sera l’optique choisie, les deux topoi concernés. Car si bon nombre d’études ont déjà été publiées sur les relations Nord-Sud, ainsi que sur les rapports Est-Ouest, il reste à explorer les connexions Ouest-Sud (ou, si l’on préfère, Sud-Ouest) au cinéma. – L’approche croisée ainsi formulée de notre colloque, inscrite sous le mot "rencontre", permettra, nous l’espérons, une meilleure compréhension des enjeux des films sudistes, tout en apportant des éclairages novateurs sur le cinéma westernien, domaine tellement recherché que l’on pourrait presque affirmer que tout a déjà été dit et écrit sur le sujet. Le Sud filmique risque de bénéficier de ce recul vis-à-vis du Nord lors de son rapprochement ponctuel avec l’Ouest, une région avec laquelle le Sud n’a jamais eu de ligne de démarcation du type Mason-Dixon Line qui l’a séparé des Yankees. – Quant aux westerns, l’approche délibérément oblique ou désaxée pourrait, nous le pensons, stimuler la réflexion sur ses propres "légitimités" et "illégitimités" lors des re /constructions cinématographiques westerniennes de l’Amérique.
Informations complémentaires
Le colloque, organisé par Claire Dutriaux et Taïna Tuhkunen, aura lieu vendredi 19 et samedi 20 avril 2013.
Télécharger le CFP [PDF - 291 Ko] complet du colloque
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Contact :
Taïna Tuhkunen : taina.tuhkunen@uvsq.fr