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De l’encre sur la plaie : éditeurs et éditions en France pendant la guerre d’Algérie, 1954-1962

le 15 décembre 2007

vendredi 15 décembre 2007 à 09h

A l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Salle des thèses (2e étage)
5/7 boulevard d'Alembert
78047 Guyancourt cedex

Par Monsieur Nicolas HUBERT Discipline : HISTOIRE CONTEMPORAINE

Résumé :    
A partir d'un corpus de 994 titres publiés, diffusés et lus pendant la guerre franco-algérienne - guerre de l'écrit comme l'avait été l'affaire Dreyfus - cette thèse s'efforce de remplir un vide laissée par l'historiographie qui s'est jusqu'alors interrogée sur quelques textes militants, partant, de façon synthétique, sur le rôle des seuls acteurs du champ éditorial dotés d'une visibilité médiatique (éditions du Seuil, éditions de Minuit, éditions Maspero). S'interrogeant selon les méthodes d'une histoire du livre, de l'édition et de la lecture à vocation globalisante, sur les diverses formes (brochure, monographie, tract) et les différents acteurs (administrations, armée, militants, professionnels de l'édition) qui produisirent une littérature imprimée pendant la guerre de décolonisation, ce travail est une contribution à l'histoire de l'édition politique, mais aussi généraliste, universitaire ou scolaire. Découpé selon un plan qui reflète le rythme de la production (15 % de titres publiés en 1954-1956, contre 35 % en 1957-1959 et 47 % en 1960-1962), il rend compte des reconfigurations opérées, pendant chaque période, au sein du champ éditorial. Des mobilisations intellectuelles de l'automne 1955 et de l'édition de L'Algérie hors-la-loi des époux Jeanson aux dénonciations de la torture du printemps 1957, dans les lesquelles les comités de citoyens jouèrent un rôle important, une première radicalisation s'observe. La relative réussite des anticolonialistes à invalider le discours d'Etat sur les « opérations de maintien de l'ordre » incite les éditeurs dominant le champ littéraire à traiter de l'histoire immédiate. Sur fond d'émergence politique et culturelle du Tiers-monde, le rythme de production s'accélère. Les positions se radicalisent à nouveau. La crise de régime de mai-juin 1958 fournit une occasion de traiter de la guerre, sans nécessairement faire preuve d'ouverture politique. Une édition nationaliste s'efforce de contrer les anticolonialistes, tandis que l'édition littéraire réactive les idéaux-types de l'orientalisme. Au début des années 1960, les « prétoriens »  (Jean Latéguy) peinent à couvrir le vacarme des « Damnés de la terre » (Frantz Fanon).  
 


Abstract :
Based on a corpus of 994 titles published, spread and read during the franco-algerian decolonization war - wich was a writing war, as had been the Dreyfus affair - this thesis tries to fulfill a gap inherited from the historiography, wich until now has only studied some militant texts, and doing this, has described in a synthetic way the major role of the more mediatic actors of the publishing field (Le Seuil, Minuit, Maspero). With the methods of an history of books, reading and publishing which tries to be all-embracing, we put into question the various forms (binding, leaflet, pamphlet) and the different actors (from the administration, army, militant or professional sphere) having produced printing literature during the war. Contributing to the history of political, but also literary, scholar or academic publishing, this work is organized in three parts, reporting the reconfigurations operated within the publishing fields and reflecting the rhythm of the production: 15 % of the titles published in 1954-1956, 35 % in 1957-1959 and 47 % in 1960-1962. From the first intellectual mobilization of autumn 1955 and edition of L'Algérie hors la loi by the Jeanson couple to the torture denunciation campaign of summer 1957, in wich the citizens comities played a major role, a first radicalization is observed. The relative success met by the anticolonialists invalidating the official purpose of order maintaining operations urges the publishing houses wich dominate the field to deal with immediate history. As the cultural and political Third World is emerging, the rhythm of production increases. A new radicalization arises. The regime crisis of may-june 1958 gives an occasion to deal with the war, not obliging to practice a political openness towards Algerian nationalism. A nationalist edition tries to reverse the anticolonialists campaign, while a literary edition reactivate orientalism. During the early 1960's, the praetorian (Jean Lartéguy) struggles over the roarings of the wretched of the earth (Frantz Fanon).  
Informations complémentaires

Philippe BAUDORRE, Professeur des Universités à l'Université Bordeaux III - Rapporteur
Omar CARLIER, Professeur des Universités à l'Université de Paris VII - Rapporteur
Jean-Yves MOLLIER, Professeur des Universités à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines - Directeur de la thèse
Elisabeth PARINET, Directeur de recherche à l'Ecole Nationale des Chartes- Examinateur
Jean-François SIRINELLI, Professeur des Universités à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris - IEP Paris - Examinateur
Benjamin STORA, Professeur des Universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales -INALCO - Examinateur