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Appel : « Le XIXe siècle au futur. Penser, représenter, imaginer l'avenir au XIXe siècle »

Appel pour le VIIème congrès de la SERD, qui aura lieu à Paris du 20 au 22 janvier 2016. La date limite pour la réception des propositions de communication est fixée au 15 mai 2015.

du 20 février 2015 au 15 mai 2015

Date limite : 15 mai 2015

On a souvent remarqué que le XIXe siècle a été le premier à se penser en tant que siècle, et le premier aussi à se désigner par un numéral. Une autre de ses caractéristiques, c’est qu’il ne s’est pas centré autour d’une qualification unique, comme a fini par le faire le siècle des Lumières, mais qu’il a, au contraire, multiplié les appellations censées le caractériser. Nombreuses sont les expressions sous la forme "le siècle de…", insistant sur une de ses déterminations jugées essentielles : le siècle de l’histoire, le siècle des révolutions, le siècle des inventaires (Thibaudet), le siècle des dictionnaires (Larousse), le siècle de l’abstraction (Fortoul), le siècle de la science, le siècle des inventions, le siècle de la vitesse, le siècle positif, le siècle romantique, le siècle de la blague (Goncourt), etc.

Deux précédents Congrès de la SERD ayant déjà entamé la réflexion d’ensemble, tant sur les représentations du XIXe siècle par lui-même que sur ses représentations au siècle suivant, notre prochain Congrès se propose de prolonger cette réflexion en abordant la question sous un angle complémentaire. Parmi les formulations récurrentes qui viennent d’être rappelées, nous avons choisi cette fois de mettre l’accent sur le rapport privilégié du "siècle du progrès" à l’avenir et au futur, tout en engageant une réflexion plus large sur les rapports du siècle au temps historique, sur sa manière de se construire dans l’Histoire et de gérer les trois grandes dimensions de la temporalité (Passé, Présent, Futur). En partant de la temporalisation des notions, des concepts et des vécus qui se joue à l’aune du nouveau "régime d’historicité" (François Hartog), l’enquête pourrait se tourner de manière privilégiée vers la manière que le XIXe siècle a eue de penser, de représenter, d’imaginer à la fois le futur, lointain et décroché de toute temporalité, et ce futur plus concrètement pensable et en prise sur les débats contemporains qu’est l’avenir, de les construire et de se construire par rapport à eux, tout en pensant d’emblée son présent au futur antérieur, de manière de plus en plus marquée à mesure que le temps historique s’accélère.

Le XIXe siècle qui fut, côté Passé, le siècle de l’Histoire, le siècle des inventaires, un siècle "rétrospectif", fut, côté Futur, à la fois le siècle du progrès, le siècle de l’avenir et le siècle des utopies (et des dystopies), et, côté 2 Présent, le siècle du journal, et donc aussi de l’accélération, d’une actualisation montante des pratiques et des vécus. C’est ainsi le présent lui-même, qui, du fait de l’accélération des communications et des découvertes scientifiques en rafale, se voit comme projeté vers un futur qui tend à se rapprocher de lui à grande vitesse. En conséquence, l’avenir s’impose à la pensée avec une urgence et une nécessité nouvelles. La temporalité telle qu’on la pense est alors la proie d’une sorte d’impérialisme du futur, en réponse aux siècles antérieurs qu’on pense alors marqués par leur révérence à l’immuable tradition. La question de l’avenir, auparavant plus lointaine, uniquement virtuelle, propice à de simples rêveries et utopies, se pose avec plus d’acuité : à ceux qui s’y inscrivent résolument, l’envisagent avec joie et cherchent à anticiper le futur par des visions utopiques, mais aussi à ceux que l’avenir comme le futur plus lointain effraient ou rebutent, ce qui les provoque au passéisme et à la résistance. Alors que les hommes de la fin des Lumières envisageaient la "Postérité" comme une sorte de jugement dernier laïque propre à réparer les erreurs du "despotisme" et à rétribuer les justes, mais qui demeurait lointain et incertain, le XIXe siècle vit l’avenir de manière à la fois plus intense et plus instante. L’avenir et le futur deviennent ainsi cette dimension du temps historique que traitent avec prédilection les systèmes philosophiques. Philosophie des sciences, philosophie de l’histoire et des religions dialoguent et s’interpénètrent, comme en témoigne le parcours intellectuel de Renan. S'ouvre ainsi un champ propice aux représentations et aux imaginaires, qu'investissent également la littérature et les différents arts. Mais l’avenir (en prise sur le présent) constitue d’abord et surtout le terrain privilégié d’affrontement des idéologies politiques, religieuses et sociales, le combat central se jouant, au moins depuis le XVIIIe siècle, autour de la notion de Progrès, notion à spectre large, qui impose une vision positivement orientée de l’avenir, qui dépasse le champ politique, puisque débouchant sur une "religion de l’avenir". On cherche ainsi à répondre au passéisme traditionaliste des religions instituées, mais aussi à proposer une autre projection dans l’avenir qui ne soit pas de l’ordre de l’eschatologie. D’où l’affirmation de Larousse : "La foi à la loi du progrès est la vraie foi de notre âge." Mais nombreux et actifs sont tout au long du siècle les adversaires de cette foi nouvelle.

C’est pour et contre le Progrès que se joue le combat politique, mais aussi philosophique, des "progressistes" et des "réactionnaires" de tout acabit. Aux partisans de la "perfectibilité", menant la lutte au nom de l’étendard du Progrès, et qui prédisent des "lendemains qui chantent" selon des scénarios historico-politiques souvent rivaux, s’opposent alors tous ceux qui doutent, protestent ou ironisent face à une telle vision optimiste d’un avenir idéalisé. Côté futur (plus lointain), on assiste alors à un développement des utopies, topographies imaginaires de la cité idéale (qui ont bientôt tendance à se transformer en dystopies), tandis que se cherchent aussi des genres littéraires nouveaux, tel le roman scientifique d’anticipation. Mais c’est souvent, là encore, en fonction d’une image du présent, et par des comparaisons ou antithèses facilement décryptables par rapport à lui, que se font ces voyages vers les lointains âges futurs. Ainsi engagée, la réflexion permettrait aussi, en miroir, d’envisager le XIXe siècle depuis aujourd’hui, soit donc à partir de ce futur que nous étions pour lui, en le traitant à la fois comme un pan exemplaire de notre passé, et comme l’inventeur de visions de l’avenir qui ont continué de régir une bonne partie du XXe siècle. Que reste-t-il aujourd’hui de ce XIXe siècle penseur d’avenir et de futur, entre progrès et discours du déclin ? Quelles représentations semblent irrémédiablement datées, quelles théories, quels imaginaires sont encore vivants et parlent à notre début du XXIe siècle ?

Les propositions attendues pourront s’inscrire dans les axes présentés, qui ne sont toutefois que des pistes offertes à la réflexion. Un intérêt particulier sera accordé aux propositions qui éviteront les monographies en déployant une perspective transversale et qui manifesteront une approche interdisciplinaire (histoire, littérature, philosophie, histoire de l’art, histoire des sciences, histoire des techniques et des communications, etc.).

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Informations complémentaires
Les propositions de communications (d’environ 2000 signes), accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, sont à adresser à Claire Barel-Moisan (claire.barel‐moisan@ens-lyon.fr) avant le 15 mai 2015.

Le comité scientifique se réunira et sélectionnera les propositions avant l’été.
Contact :
Claire Barel-Moisan :